Les Passagères du Temps
Et je vais prier
Sur les tombes de celles
Qui s'en sont allées
Telles des hirondelles
Fuyant des vents
Humides et froids
Qui glacent le Temps
Où les Nombres sont rois,
Et je vais déposer
Sur la tombe d'Adèle
Quelques fleurs coupées
Couleur d'aquarelle
Exhalant dans l'air
Des senteurs pastel
Au coeur des mystères
Que l'espace recèle
- Elles nous ont laissés,
Phares du ciel,
Elles qui furent si belles,
Cybèle, Adèle,
Qui ont ouvert leurs ailes
S'élançant vers l'Ailleurs
Où leurs âmes rebelles
Danseront en choeur...
Et je vais semer
Au nom de Cybèle
Mes oraisons sacrées
En ce monde infidèle
En proie à l'ignorance
Qui trouble les esprits
De millions d'hommes, en errance
Prisonniers de leurs vies
Plongées dans l'illusion
D'une réalité tronquée
Synonyme d'exclusion
Pour des existences traquées
Par la Garde Infernale
Qui recouvre l'univers
De son ombre fatale
Où se meuvent les Passagères...
- Elles nous ont quittés
Etoiles jumelles
Traversant la Voie Lactée
Jusqu'à la Terre Eternelle
Où les attendent, fidèles,
Leurs compagnes d'exil
Flammes spirituelles
D'un feu cosmique et subtil
Là où cohabitent
En totale harmonie
Planètes et satellites
Dans un océan d'énergie :
Astres immatériels
Se mêlant à l'Infini
Lors d'un élan sacrificiel
Qui les mène au Paradis,
Voici les Passagères,
Les Messagères du Temps
Qui l'ombre d'un instant
Changent d'atmosphère
Pour se fondre, entières,
Dans le Cosmos illimité
Qui sert de cimetière
A ces lumières vénérées...
- Ce sont les Passagères,
Les partisanes d'un moment
Où toutes les frontières
Se dissolvent dans le Néant
Laissant la place
A un décor étincelant
Que sillonnent, fugaces,
Les étoiles du firmament :
Ce sont les Passagères,
Les Passagères du Temps !
Richard MAGGIORE
Texte paru dans la revue "Vent d'Autan poétique",
Mars 2003.